Ça y est. Voila 1 an que nous sommes arrivés à Montréal. 365 jours d’une nouvelle vie. Le moment de prendre un peu de recul et réfléchir à ces 12 mois loin de chez nous.

Partir, tout lâcher, tout recommencer sur le papier c’est quelque chose qui nous semble énorme, insurmontable qui fait peur. Finalement pas si compliqué que ça, notre capacité d’adaptation est beaucoup plus importante que ce que nous pouvons croire. C’est en tout cas l’enseignement principal que nous retenons après cette année écoulée ici. Oui il est possible de se recréer une nouvelle vie en quelques mois.

C’est vrai que dit comme ça  a l’air facile mais détrompez vous ce n’est pas comme dit TF1 « l’Eldorado Canadien « , nous avions toutes les conditions réunies pour y arriver mais ce n’est pas le cas de tous le monde.
Tout d’abord nous avions très bien préparé notre départ en mettant de côté de quoi survivre sans travail pendant plusieurs mois, nous avions une experience professionnelle plutôt solide avec une expertise précise, de plus avant de nous lancer nous avions fait une première visite pour « tâter le terrain » un projet donc bien défini.
Chance aussi pour nous Montréal est une ville ou les métiers du web sont recherchés ce qui n’est pas le cas de tous les domaines, notre seul gros point faible était l’anglais car même si il est totalement possible de vivre en Français dans la vie de tous les jours l’anglais reste quand même la langue de base dans le milieu professionnel.

D’ailleurs en parlant de langage,  on a la même langue mais on a pas la même culture, c’est ce qu’oublis beaucoup de Français en débarquant à Montréal, malheureusement, ça n’aide pas la communauté Française à se faire apprécier ici déjà que nous avons une réputation de râleur, de personne hautaine et j’en passe. On dit même que le quartier du Mont Royal serait le 21ème arrondissement de Paris.

Il faut reconnaitre qu’il y a énormément de français à Montréal, on est vraiment plus du tout exotique comme on pouvait l’être il y a plusieurs années (les cousins !!!) tout ça c’est fini, rien de plus banal qu’un français à Montréal.  Une remise en perspective de la question de l’immigration.
Tu arrives, tu débarques tout frais de ton vol Air Transat et tu penses être juste toi et ta valise. Non, non, tu es suivi par une cargaison de clichés. Rien de spécifique au Québec ou aux français ou à toi. C’est juste comme ça. Tu arrives dans un autre pays, tu deviens l’autre, l’étranger, l’immigré et quoi qu’il arrive tu es lié aux actions de tes compatriotes.
« ouais une fois un Français… »
Oui mais c’est un con, c’est tout, faut pas tous nous mettre dans le même panier !

Pense à la France maintenant. Pense aux clichés dans lesquels nous vivons.
Se sentir l’autre c’est vraiment une sensation déstabilisante.
Bon on vous rassure tout de suite, c’est vivable, c’est rare même de ressentir cette animosité, mais ça arrive.
Le seul soucis maintenant c’est qu’il est vraiment difficile de rentrer dans la vie des québécois ce qui nous amène à rester entre expats ce qui rend l’intégration un peu plus complexe…
Tu apprends beaucoup sur toi en partant à l’étranger, étant donné que tu repars de zéro les gens que tu vas côtoyer et qui vont te découvrir sans aucun aprioris te donneront une bonne vision de qui tu es. Je ne vais pas détailler plus que cela ici. Je le garde pour mon thérapeute.
Mais il ne faut pas croire que tu peux changer de personnalité du jour au lendemain, tu es qui tu es et ça, ça ne changera pas, en revanche tu peux prendre confiance en toi et évoluer mais la base restera la même.

Et au quotidien c’est comment la vie à Montréal ?
Le mot que j’utilise le plus souvent est « paisible ».
Pas de jugement, vis ta vie et fait toi plaisir, bouge toi et tout est a portée de main. En comparaison avec notre ville d’origine c’est un changement.
Ca fait du bien. Et c’est selon moi c’est une des raisons qui fait qu’autant de français débarquent ici. La qualité de vie passe avant tout.
Montréal a cet avantage d’être sous l’influence Nord Américaine de performance et porté par les inspirations européennes de « liberté ». Un positionnement unique.
Sortir du bureau à 17h, et commencer une seconde journée, ça n’a pas de prix.
Travailler pour vivre et pas le contraire c’est leur devise.

Et l’hiver alors le froid ça va ??
Première question que tout le monde nous pose.
Contrairement à chez nous la vie ne s’arrête pas pour trois flocons et c’est pas 10 000 personnes présentent chaque week-end de janvier pour l’Igloofest qui vont nous contredire.
Nous n’avions jamais autant fait d’activité en extérieur que lors de ces 12 derniers mois.
L’hiver est propice à plein de nouvelles activités: raquettes, patin, ski, traineau à chien…ce qui nous a finalement le plus gêné dans l’hiver ce ne sont pas les -38° du mois de janvier ni le mètre de neige permanent dans les rues mais bien la longueur de celui ci, qui soit-dit en passant n’as pas été aussi rude et long depuis plus de 20 ans. #welcome
Puis le printemps débarque et tu oublis tout, « sors de chez toi et profite » c’est le leitmotiv de tes journées. L’été est célébré dans une ambiance décontractée et festive.

Et  la France ça vous manque?
Oui.
Non.
Partir c’est aussi se rendre compte que la France est un pays magnifique, pour la diversité de ses paysages, pour son Histoire, sa culture, par exemple, Marseille est une ville qui a 2600 ans, Montréal n’a pas encore 400 ans. Ca change certaines choses. On s’en rend compte ici.
La France c’est aussi malheureusement, beaucoup de conservatisme, beaucoup de règles qui ne peuvent évoluer.
Observer la France de loin c’est avoir une autre vision. C’est se rendre compte de la « négativité » au quotidien. Du machisme, oui la France est un pays macho et c’est un gars qui le dit.

Quelque chose qui nous a frappé ici c’est que tout est possible, peu importe d’ou tu viens l’important c’est ce que tu as envie d’être. Oui c’est facile comme phrase, mais c’est tellement vrai. Ça fait réfléchir.
La famille nous manque.
Les amis nous manquent.
Mais on est bien içi.
Pour un temps au moins.

Et la suite?
C’est compliqué.
Avant de venir ici on imaginait la chose d’une manière plus binaire, tu restes ou tu rentres.
C’est plus compliqué que cela.
Ici, il peut se passer  tellement de choses versus un destin tout tracé dans notre ville d’origine.
La vie nous ramènera en France vers nos origines mais pour l’instant on profite de cette chance, de vivre à l’étranger, de vivre ce rêve ancré en nous depuis toujours.
« Putain, on l’ai fait!! »